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vendredi 2 octobre 2009

Fabriquer le baton pour se faire battre

Il y a un problème avec l'auto critique, la liberté d'expression, la pluralité des opinions, dans le conflit entre les Palestiniens et Israël.

D'un côté, un Etat hautement démocratique, où la liberté d'expression est élevée à un tel rang qu'une chaîne de télé nationale peut se permettre de diffuser un reportage sur les charges de corruption qui pèsent sur le Premier ministre en place. A l'heure d'audience la plus élevée !

Imaginez ça en France, sur France 2.

Dans cet Etat, des citoyens juifs, mais aussi arabes et chrétiens. Les chrétiens, on ne les entend pas trop. En revanche, les juifs, ça n'arrête pas ! Et comme l'intelligentsia est attentive, on entend aussi la voix des Arabes israéliens.
Aussi personne ne se prive de publier son point de vue dans les médias, points de vue qui couvrent à peu près tout le spectre des opinions possibles. Ca va de la négation de l'existence d'Israël (par des juifs israéliens), à l'idée qu’Israël a droit en gros à tout ce qui se trouve entre le Golfe Persique, la mer Rouge et le lac de Van au nord.

Ca va de la paix maintenant et à tout prix, à la paix oui mais, en passant par un état pour deux peuples, deux Etats pour deux peuples, et aussi "donnez leur les tas de cailloux qu'ils demandent, on y va jamais de toute façon, et laissez nous les bars et les restaurants à la mode de Tel Aviv". J'ai aussi entendu : "s'ils veulent un Etat, qu'ils le fassent déjà, qu'est ce qu'on a à voir là dedans".

En face, qu'est ce qu'on trouve ?

Une dictature armée qui fait régner l'ordre par la violence au nom d'une morale religieuse. C'est là qu'on assassine des jeunes filles parce qu'elles parlent au téléphone avec un inconnu, qu'on prend le pouvoir par la guerre civile, et que la corruption est si forte que des milliards que l'Europe leur envoie, il ne reste plus rien pour construire des égouts et une infrastructure vivable.

Dans ce contexte, comment voulez-vous que les opinions se fassent entendre ? Ceux qui contestent la politique du Hamas, ils sont combien ? Je l'ignore, et vous l'ignorez. Ceux qui trouvent qu'on ferait mieux de dépenser l'argent à faire du social qu'à acheter des roquettes (ça coûte combien, une roquette ?).

Le résultat, et là je m'adresse à tous les juifs qui critiquent Israël et sa politique, c'est que chaque critique venant des juifs et d'Israël devient immédiatement une arme entre les mains de l'ennemi qui veut détruire Israël, tandis que ceux qui critiquent le Hamas, le Fatah, ou les Palestiniens en général, ils n'ont rien à se mettre sous la dent. Ils doivent formuler leurs propres analyses, leurs propres raisonnements, lesquels ont forcément une portée limitée.

Chaque contestation venant d'un Israélien est immédiatement reprise par l'ensemble des médias pro-palestiniens. "Regardez, ce n'est pas nous qui le disons, ce sont les juifs eux-mêmes ! Vous voyez bien que ce sont des monstres !".

La partie est belle non ?

Au nom de notre liberté d'expression, nous donnons à l'ennemi une partie de ses meilleures armes.

Et au nom de leur totalitarisme, les Palestiniens dissidents sont censurés à la source.

Devrait-on, pour autant, arrêter de faire notre auto critique, et d'animer en interne notre éternel débat ? Déjà, c'est mal connaître les juifs que de s'imaginer qu'on puisse les empêcher de donner leur avis, et c'est encore plus mal les connaître que de s'imaginer qu'il se puisse en trouver deux qui pensent pareil. Ne dit-on pas qu'il y a autant de religions juives qu'il y a de juifs ?!

En tous cas, ces considérations me laissent un goût amer dans la bouche : les gouvernements israéliens sont bien mauvais dans leurs relations publiques avec le reste du monde, et ils ne comprennent même pas le prix qu'il leur en coûte.

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